
Introduction
Contexte
Suite à la première édition de notre campagne de dépistage, le DépistaFest, nous avons sondé notre communauté afin de savoir ce qui pourrait faciliter leur accès et leur expérience de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Parmi les facteurs facilitant le dépistage, l’accès à des services de dépistage inclusifs, respectueux et sécuritaires est ressorti. À la suite de l’analyse des réponses et de recherches dans la littérature, nous avons constaté qu’il existe actuellement des disparités d’accès aux services de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), alors que certaines personnes, en fonction de caractéristiques sociales et identitaires, éprouvent des difficultés à obtenir des services de dépistage sécuritaires, accessibles et respectueux. Notamment, il est question des personnes 2SLGBTQIA+, les personnes racisées et migrantes, les personnes en situation de handicap et/ou neurodivergentes, les personnes de la diversité corporelle (plus particulièrement les personnes grosses) et les personnes qui exercent le travail du sexe. Ces populations forment les populations clés de l’élaboration des pratiques présentées dans ce guide, puisqu’elles rencontrent diverses barrières au dépistage :
- les personnes des communautés 2SLGBTQIA+ évitent les services par anticipation ou par expérience vécue de stigmatisation et de micro-agressions dans le milieu médical et de santé sexuelle, ainsi que par l’anticipation de devoir éduquer leurs professionnels de la santé (Scruton, 2015; Wilkerson et al., 2011);
- En raison d’interactions grossophobes vécues ou anticipées, les personnes grosses tendent à éviter les situations de stress liées au poids, comme le milieu médical de la santé reproductive et du dépistage des ITSS (Gordon et al., 2016). Pourtant, plus d’une personne sur deux est considérée en surpoids au Canada (Statistiques Canada, 2018), et il y a donc une importance majeure à adresser l’inclusion et l’accessibilité au dépistage des ITSS pour les personnes dont le poids ne correspond pas aux standards de minceur;
- Plusieurs personnes en situation de handicap et/ou neurodivergentes ressentent qu’on les infantilise, qu’on les réduit au statut de victimes potentielles et qu’on suppose qu’elles n’ont pas d’activités sexuelles ou n’en désirent pas, en raison de plusieurs préjugés et stéréotypes qui ont une influence sur les services de dépistage offerts. Elles se sentent souvent invalidées et ressentent une culpabilité à demander de l’aide, ce qui peut fortement les décourager d’utiliser des services comme le dépistage et les rendent plus à risque de contracter une ITSS (Brennand et Martino, 2022);
- Les expériences de racisme vécues ou anticipées sont parmi les plus grands obstacles à l’accès au dépistage, au traitement et au soutien en matière d’ITSS pour les personnes racisées et/ou migrantes, et celles-ci sont touchées de manière disproportionnée par les ITSS au Canada (Agence de santé publique du Canada, 2015). Elles ont plus difficilement accès au dépistage des ITSS à travers la discrimination sociale et culturelle, les barrières linguistiques et les préjugés de la part des prestataires de soins, mais aussi l’ethnocentrisme de nos croyances et de nos standards en termes de dépistage;
- En raison du caractère interdit et secret de leur profession, les personnes qui exercent le travail du sexe évitent les cliniques de dépistage par anticipation de stigmatisation et de discrimination de la part du personnel de la clinique, ce qui les rend à risque d’avoir une ITSS non diagnostiquée et d’encourir des complications pour leur santé (INSPQ, 2013).
Pourquoi (un guide sur) des bonnes pratiques pour un dépistage inclusif?
Aller se faire dépister peut être synonyme de stress, d’anticipation et de micro-agressions pour certaines personnes, en particulier nos populations clés. Celles-ci évitent, retardent ou annulent un rendez-vous de dépistage pour ne pas vivre une situation d’inconfort, ce qui peut augmenter les risques d’avoir une ITSS non diagnostiquée et des complications pour la santé sexuelle et reproductive.
À l’inverse, offrir un espace confortable et non stigmatisant favorise l’utilisation des services de santé, comme le dépistage, et une attitude de prévention face à sa santé sexuelle, versus attendre au dernier moment ou l’apparition de symptômes pour se faire dépister (CPHA, 2017). Les pratiques inclusives sont aussi essentielles pour favoriser la prise de décision sécuritaire et l’émancipation dans la santé sexuelle, en diminuant les barrières au dépistage et en offrant un espace sécuritaire pour que les personnes posent leur questions et répondent aussi avec transparence aux questions essentielles à la prescription des bons tests à administrer (CPHA, 2017). Adopter des pratiques inclusives peut permettre de limiter les comportements d’évitement, d’annulation ou de report de rendez-vous de dépistage et est en accord avec la version 2019 du Guide québécois de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang du Ministère de la santé et des services sociaux du Québec, qui stipule qu’il est de la responsabilité des prestataires de soins de mettre en place des pratiques qui favorisent l’accès au dépistage pour tout le monde.
Le manque d’accès à des soins de santé sexuelle sécuritaires, inclusifs et sans jugements pose un risque supplémentaire d’avoir une ITSS non diagnostiquée (CPHA, 2027), ce qui augmente à son tour les risques de propagation et qui consiste, selon nous, en un enjeu de santé publique. C’est pourquoi nous avons décidé d’entreprendre la création d’un guide de bonnes pratiques pour un dépistage des ITSS inclusif. L’adoption de pratiques inclusives dans les services de dépistage s’impose comme manière de faciliter l’accès au dépistage pour tout le monde et collectivement intervenir sur la prévention de la transmission des ITSS. Adopter des pratiques inclusives dans le dépistage des ITSS permet :
- de réduire les inégalités et les barrières d’accès aux services;
- de maximiser la capacité de tout individu à se faire dépister en offrant un espace sécuritaire, de confiance et sans jugements;
- de mettre en place des environnements physiques et sociaux qui répondent aux besoins de tout le monde;
- de s’assurer que toute personne qui le souhaite ait les mêmes opportunités face à sa santé sexuelle.
De plus, les enjeux de normes et d’inclusion ne sont pas toujours abordés dans les formations spécifiques au dépistage des ITSS, ce qui peut pousser à croire que ces populations clés ne représentent qu’une petite partie de la patientèle, et à ne pas connaître les enjeux d’accès au dépistage qui leur sont propres. En réalité, l’invisibilisation des réalités et le manque d’accessibilité et d’espaces sécuritaires pour aborder son expérience contribuent à créer l’illusion que ces personnes ne fréquentent pas ou moins les services et que leurs réalités ou besoins particuliers sont rares, et donc à les négliger. Devant la porosité de ressources spécifiques pour accompagner l’adoption de pratiques inclusives dans les procédures de dépistage des ITSS, nous avons réalisé ce Guide de bonnes pratiques pour un dépistage des ITSS inclusif.
Ce guide s’insère dans une démarche d’apprentissage et d’humilité; le Club Sexu et ses partenaires ne visent pas à réprimander, mais bien à offrir des outils réflexifs pour améliorer notre compréhension et notre mise en application de pratiques inclusives dans nos services de dépistage. De même, nous croyons que l’inclusion évolue au fil des avancées sociales et nous souhaitons que cette ressource forme un document vivant qui puisse être constamment renouvelé. Ainsi, si vous avez des suggestions, des commentaires constructifs ou des pistes de réflexions pour l’amélioration de ce guide, nous vous invitons à nous contacter à l’adresse suivante :
- morag@clubsexu.com.
Objectifs de ce guide
Ce guide vise ainsi à :
- réfléchir à l’importance d’adopter des pratiques inclusives de dépistage des ITSS;
- repenser les pratiques de dépistage des ITSS potentiellement non inclusives;
- stimuler la réflexion sur les attitudes, les propos, les aménagements et les comportements qui peuvent constituer des barrières au dépistage des ITSS pour certaines personnes;
- identifier et mettre de l’avant les forces et les pratiques inclusives déjà mises en place;
- fournir des pistes d’amélioration et des exemples concrets de pratiques inclusives à adopter dans le dépistage des ITSS;
- proposer des ressources pour assurer la formation continue.
À qui s’adresse ce guide
Notre guide s’adresse à tout le personnel de la clinique ou du milieu de dépistage, soit le personnel soignant, le personnel de service à la clientèle et le personnel de gestion. Pour vous aider à cibler le contenu en fonction de vos interventions auprès de la patientèle, la section des recommandations en matière de pratiques inclusives a été découpée de sorte à faciliter la lecture selon le rôle de chaque personne :
- Une section ciblant des réflexions à avoir pour instaurer des pratiques inclusives dans votre milieu;
- Une section « avant le rendez-vous » qui peut concerner l’accueil des personnes, les formulaires de collectes de données sociodémographiques, les besoins en accessibilité et l’aménagement des lieux;
- Une section « pendant le rendez-vous » concernant plus précisément les questionnaires servant au dépistage des ITSS et les interventions durant le dépistage des ITSS;
- Une section « après le rendez-vous » concernant les médias sociaux, la publicisation de vos efforts d’inclusion et la formation continue;
- Une section concernant les erreurs possibles et comment les rattraper.
La dernière section du guide concerne des spécificités pour chaque population clé, ainsi que des ressources communautaires et des lectures proposées pour aller plus loin.
Philosophie derrière ce guide
Cadre théorique intersectionnel
La théorie de l’intersectionnalité vise à comprendre comment les identités sociales d’une personne, comme son genre, sa classe sociale, son âge, sa race/ou son appartenance ethnoculturelle, la couleur de sa peau, sa façon de parler, sa religion, son orientation sexuelle, son handicap visible ou non, etc; interagissent pour forger son expérience (Bowleg, 2012; Collins, 2000). Le terme intersectionnalité a été élaboré par Kimberlé Crenshaw en 1989, pour aborder l’oppression particulière vécue par les femmes noires, mais est aujourd’hui repris par plusieurs auteur·rice·s pour comprendre les imbrications d’une diversité d’identités (Crenshaw, 1989).
Le positionnement d’une personne à l’intersection de ces différentes identités sociales reflète les systèmes interdépendants de privilèges et d’oppressions (Bowleg, 2012). Parmi les systèmes d’oppression, on retrouve notamment le racisme, le capacitisme, le cishétérosexisme et la grossophobie qui vous sont détaillés plus bas. L’intersectionnalité nous informe aussi que les oppressions liées aux identités sociales des personnes ne doivent pas être comprises en accumulation, mais doivent être considérées dans leurs intersections particulières, soit comment elles se croisent et se modulent pour forger des expériences singulières. Cette théorie est utile pour conceptualiser la multitude d’identités qu’une personne peut porter et qui la rendent complexe, et non pas isoler chaque aspect de son identité et la réduire à cet aspect.
Les systèmes d’oppression et de privilèges créent des inégalités sociales et des discriminations dans l’expérience de la personne, et notamment dans son accès aux soins de santé. Le positionnement social particulier d’une personne forge ainsi son expérience, mais également son accès à des services de santé, comme le dépistage des ITSS. L’intersectionnalité est donc pertinente pour comprendre comment les facteurs structurels s’entrecroisent pour produire des effets particuliers sur la santé des individus (INSPQ, 2015).
Ainsi, dans une démarche d’inclusion incluant une perspective intersectionnelle, cela signifie qu’on ne peut pas découper les pratiques inclusives pour chaque identité que la personne porte, mais bien considérer la patientèle dans sa complexité. Notre guide reconnaît donc qu’il existe des enjeux de pouvoir ayant un impact sur la santé sexuelle des individus (INSPQ, 2015). Notre guide reconnaît que les normes présentes dans la société produisent des hiérarchies qui positionnent certaines personnes comme marginales et minoritaires, ce qui peut engendrer des inégalités au quotidien et dans notre pratique des soins. Notre guide reconnaît également qu’une personne peut se situer à l’intersection de plusieurs catégories sociales et en vivre les oppressions, et que chaque identité doit être considérée comme potentiellement en interaction avec d’autres. Ce n’est pas une équation d’addition ou de soustraction des oppressions et des privilèges, mais plutôt une interaction et intégration de ces différentes identités sociales que chaque personne porte.
C’est pourquoi les pratiques inclusives sont à appliquer préalablement et systématiquement, et non en réponse aux caractéristiques qu’on croit percevoir chez une personne. C’est aussi pourquoi la mise en place de plusieurs pratiques tente d’adresser les difficultés d’accès une multitude de réalités et de vécus. Nous encourageons donc l’utilisation d’une approche centrée sur la personne, qui prend en compte les circonstances, les expériences, les besoins, les objectifs et les valeurs d’une personne pour s’assurer qu’elle est traitée avec dignité et respect (Agence de santé publique du Canada, 2021).
Racisme
Système d’oppression basé sur l’idéologie qu’il existe des hiérarchies entre les groupes humains, catégorisés en « races ». Le racisme structure nos sociétés en privilégiant les membres de certains groupes au détriment d’autres groupes, à travers des attitudes, préjugés, comportements et structures mises en place. Le racisme donne place à des oppressions, mais aussi à de l’ethnocentrisme, soit la croyance que notre groupe ethnoculturel est la norme universelle et le cadre de référence. L’ethnocentrisme pose problème lorsqu’il impose systématiquement une norme culturelle au détriment d’autres groupes culturels qui sont invisibilisés ou stigmatisés pour déroger de cette norme.
Cishétérosexisme
Le cishétérosexisme est l’imbrication de l’hétérosexisme et du cisexisme. L’hétérosexisme est la croyance que les personnes hétérosexuelles sont la norme valide, primaire, et à privilégier. La cisexisme, près de l’hétérosexisme, est la croyance que les personnes cisgenres, dont le sexe assigné à la naissance concorde à leur genre, sont la norme valide et la manière d’être appropriée de vivre son genre. On assume donc qu’une personne est hétérosexuelle et cisgenre jusqu’à preuve du contraire. Cela est problématique en contexte de dépistage des ITSS, car on ne peut pas présumer des organes génitaux de la personne devant nous et de ses pratiques sexuelles en raison de son apparence ou de son identité sexuelle et de genre. De même, il est important de ne pas présumer qu’une personne ait plus de partenaires ou des pratiques sexuelles plus à risque en fonction de son orientation sexuelle.
Capacitisme
Un système discriminatoire qui structure la société selon la capacité des individus à y participer, en fonction de leurs capacités physiques, physiologiques, psychologiques ou neurologiques qui influencent les aptitudes à participer à la société. Ce système crée une dualité entre validité et invalidité, et positionne les personnes sans handicap comme la norme valide, et conséquemment les personnes en situation de handicap comme norme invalide. Le capacitisme regroupe les attitudes et les pratiques discriminatoires, les préjugés et les stéréotypes à l’égard des personnes en situation de handicap, ainsi que les barrières physiques dans l’environnement. Il peut s’exercer de manière consciente et/ou inconsciente.
Grossophobie
Ensemble des attitudes, préjugés et comportements qui discriminent et stigmatisent les personnes grosses, en surpoids ou obèses. La grossophobie se manifeste souvent par la croyance que les corps gros doivent être disciplinés et corrigés, et qu’ils sont un fardeau pour la société. La grossophobie est souvent justifiée par les préoccupations pour la santé, le maintien d’un poids mince et l’impact présumé du poids de la personne sur sa vie et sa sexualité.
Comment offrir un dépistage des ITSS plus inclusif?
L’inclusion se fait par la création d’un environnement où toute personne a accès aux mêmes possibilités et est respectée de manière équitable (CRSNG, 2017). Les pratiques inclusives s’inscrivent donc dans un processus d’efforts mis en place pour s’assurer que les barrières (physiques, institutionnelles, procédurières, etc.) à l’accès soient recensées et éliminées, et que des actions soient réalisées afin que toute personne puisse réaliser son plein potentiel, peu importe son expérience (CRSNG, 2017). En matière de dépistage des ITSS, cela concerne les efforts réalisés pour faciliter l’accès au dépistage, limiter les barrières et permettre à toute personne d’accéder au plein potentiel de sa santé sexuelle dans le respect.
Les pratiques d’inclusion présentées sont pertinentes à adopter pour toute la patientèle. De plus, comme il a été mentionné précédemment, certaines populations clés vivent des barrières particulières au dépistage des ITSS.
Dans la prochaine section, il vous sera présenté des principes de base pour adopter des pratiques inclusives, des réflexions préalables à l’application de pratiques inclusives, ainsi que des suivis de pratiques concrètes à effectuer avant, pendant et après le rendez-vous de dépistage. Dans ces sections, des pratiques générales vous seront présentées, mais il existe aussi certaines spécificités propres aux populations clés, ainsi que des ressources pour vous soutenir et en apprendre davantage qui seront abordées dans la dernière section.
Il existe des principes de base pour une pratique inclusive et encourager l’inclusion dans les cliniques de dépistage des ITSS et ce, peu importe à qui on s’adresse. Ces principes guident nos recommandations de pratique et les réflexions qui vous seront présentées ci-dessous :
- Prendre le temps de réfléchir à ses biais ou ses préjugés concernant les réalités que nous connaissons moins (voir la prochaine section proposant une réflexion sur nos préjugés). Tout le monde a des préjugés, des idées préconçues ou des jugements. C’est normal et c’est humain. L’important est de questionner leur provenance et leur impact sur nos interventions auprès de la patientèle, et comment les surpasser dans notre offre de services;
- Prendre conscience que la difficulté d’accès au dépistage des ITSS s’ajoute aux discriminations vécues au quotidien et que chaque petit geste compte;
- Partir de la personne et non de ses caractéristiques identitaires pour questionner les pratiques sexuelles et proposer des tests de dépistage des ITSS;
- Pratiquer le consentement libre, éclairé et explicite;
- S’éduquer de manière continue : l’inclusion évolue au fil des transformations sociales. Il est donc pertinent d’assurer une formation continue;
- Reconnaître ses limites et s’informer sur les alternatives et les ressources où rediriger les personnes;
- Garder une attitude humble, accepter de faire des erreurs et de se reprendre : l’inclusion est un apprentissage constant;
- Rendre votre inclusion visible : en raison d’expériences vécues ou d’anticipation de vivre de la stigmatisation, certaines personnes évitent les cliniques de dépistage. Il faut donc faire connaître au public que vous vous engagez à adopter des pratiques inclusives pour l’accueillir et cultiver un climat de conscience.
Réflexions préalables à l’adoption de pratiques inclusives
Nous vous proposons trois réflexions avant d’implanter des pratiques inclusives dans votre milieu : une réflexion sur nos privilèges, une réflexion sur les préjugés en lien avec les populations clés, une réflexion sur les forces et sur les limites. Ces réflexions peuvent être menées individuellement ou en groupe, mais doivent toujours être réalisées avec une attitude d’ouverture et de non-jugement.
Réflexion sur nos privilèges
Reconnaître qu’il existe des oppressions et des inégalités passe inévitablement par une reconnaissance de nos privilèges. Les privilèges, à l’opposé des oppressions, sont des avantages donnés à des individus de manière arbitraire qui émanent des catégories sociales auxquelles nous appartenons, comme notre origine ethnique, notre poids, nos capacités physiques et intellectuelles, notre statut socioéconomique, notre identité sexuelle et notre genre, etc. (Vipond, 2015), et ont l’apparence de droits pour les personnes qui en bénéficient, alors qu’ils ne sont pas accordés à tout le monde. Par exemple, des privilèges au sein des services de dépistage des ITSS seraient de pouvoir se rendre physiquement dans une clinique de dépistage des ITSS, pouvoir communiquer avec les prestataires de soins lors du rendez-vous de dépistage dans la langue avec laquelle on est à l’aise pour parler de sa sexualité, pouvoir se faire interpeller par le bon prénom dans la salle d’attente, être référé·e par les bons pronoms et accords, etc.
Avoir des privilèges n’est pas à réprimander, mais à prendre en considération dans nos biais et dans notre responsabilité à nous éduquer activement sur les situations d’oppression que notre expérience ne nous permet pas de comprendre de facto. Ces positions sociales nous incombent des privilèges qui nous imposent certainement des biais. Ce qui nous amène à nous placer dans une position d’apprentissage constant, et il en revient à notre responsabilité de travailler à rendre les espaces plus inclusifs pour les personnes qui ne bénéficient pas de ces privilèges.
L’équipe au cœur de l’écriture de ce guide partage plusieurs privilèges : nous sommes pour la plupart universitaires, blanc·he·s, sans situation de handicap et passons pour des personnes cisgenres hétérosexuelles, indépendamment de notre identité sexuelle ou de genre réelles. De ce fait, nous écrivons ce guide au meilleur de nos connaissances, mais aussi dans l’humilité que nous ne pouvons pas prétendre nous mettre à la place de tout individu ayant des difficultés d’accès au dépistage. C’est aussi pour cette raison qu’il s’agit d’une première édition et que nous envisageons une mise à jour du contenu pour les éditions futures.
Réflexion personnelle sur de possibles préjugés
Un préjugé est une attitude, un biais, une hypothèse ou un stéréotype de nature implicite et qui peut se manifester à l’insu de la personne qui a le préjugé (CRNG, 2017). Le préjugé émane de notre expérience de vie et de croyances communes qui nous sont inculquées. Il peut être basé sur le sexe, la culture, l’origine ethnique, le handicap, l’âge, la langue, les institutions d’appartenance, etc. Les préjugés peuvent aussi émerger des systèmes d’oppressions qui vont influencer nos réflexions et nos comportements individuels, et peuvent entraîner des propos ou des actes discriminatoires.
On vous propose donc des pistes de réflexions pour identifier des préjugés en matière de dépistage des ITSS :
- Avez-vous des préjugés que vous avez déjà entendus concernant le dépistage des ITSS?
- Pouvez-vous identifier des préjugés potentiels concernant des comportements sexuels d’une personne qui vient pour un dépistage en fonction de son identité sexuelle? de son genre? de son origine ethnique? du fait qu’elle vit avec un handicap? du fait qu’elle exerce le travail du sexe?
Si vous avez identifié des préjugés que vous avez ou que vous avez entendus, pas de panique; c’est correct et c’est surtout la première étape pour les déconstruire. Tout le monde a des préjugés qui sont implicites et/ou inconscients. Il n’est donc pas nécessaire de se punir, mais il est important de les identifier, au meilleur de nos connaissances, pour s’assurer qu’ils n’influencent pas notre prestation de services.
Réflexions sur vos forces et les limites de votre milieu
Bien que ce guide vise à proposer plusieurs pistes d’amélioration pour faciliter l’accès au dépistage des ITSS pour tout le monde, il est important de d’abord reconnaître les efforts que votre clinique met déjà en place. Il se peut que les propositions ci-dessous soient déjà intégrées à vos interventions, et si oui, prenez-le temps de le souligner :
- Avez-vous des mesures, des pratiques et/ou des protocoles mis en place pour favoriser le confort des personnes?
- Avez-vous des aménagements particuliers pour favoriser l’accessibilité des lieux?
- Avez-vous mis en place des mesures pour faciliter l’accès aux services et aux informations?
- Pratiquez-vous déjà le consentement libre et éclairé pour les différentes étapes du dépistage?
- Offrez-vous un espace de communication pour que les personnes partagent leurs besoins particuliers?
D’un autre côté, il se peut que votre milieu comporte des défis ou des conditions face à l’application de pratiques inclusives. Reconnaître les défis et les conditions possibles permet de mieux cerner l’ordre d’implantation des pratiques en fonction de ce qui peut se modifier rapidement ou non. Ces défis deviendront peut-être plus clairs après la lecture des pratiques d’inclusion proposées ci-dessous. Voici quelques exemples de questions concernant les limites :
- Avez-vous des limites de langues dans lesquelles les services peuvent être proposés?
- Avez-vous des conditions physiques d’espaces ou d’aménagements qui restreignent l’accès pour certaines personnes?
- Avez-vous des protocoles ou des marches à suivre qui n’ont pas beaucoup de flexibilité face au changement?
- Quels sont vos défis en matière d’inclusion? Qu’est-ce qui nécessiterait une formation ou un soutien plus approfondi?
Pratiques inclusives avant le rendez-vous
Pour favoriser l’inclusion dès les premières étapes du dépistage, il est important de donner l’espace à la personne pour vous indiquer ses besoins et ses particularités. L’inclusion peut se réaliser en posant des questions permettant de mieux comprendre les réalités, les besoins et l’unicité de chaque patient·e. Inscrire ces informations aux dossiers vous permettra de savoir comment vous adresser à votre patientèle et vous servira de rappel pour les prochains rendez-vous.
Le prénom et les pronoms
Pour plusieurs personnes non cisgenres, le prénom d’usage et les pronoms d’une personne peuvent différer de ses informations légales, comme sur sa carte d’assurance maladie du Régime d’assurance-maladie du Québec (RAMQ) et sur ses documents légaux.
Demander systématiquement le prénom et les pronoms des personnes, et les indiquer sur tous les documents les concernant. S’assurer également que les pronoms et titres de civilités soient visibles dans le dossier après avoir été demandés dans le formulaire:
- Offrir l’option de préciser si le nom est différent de celui qui figure sur la carte RAMQ.
- Éviter les formulations qui suggèrent un choix, comme « quels pronoms préférez-vous? » et privilégier une formulation directe comme « quels sont vos pronoms? » ou « est-ce que je peux vous demander vos pronoms? ».
P. ex. :
Prénom d’usage, Nom: _________________________ Quels sont vos pronoms et accords? ☐ Masculin (il/lui) ☐ Féminin (elle) ☐ Neutre (précisez): ____________________ Est-ce que votre nom diffère de celui qui figure sur votre carte de la RAMQ? ☐ Non ☐ Oui Si oui, nom complet sur la carte de la RAMQ : ____________________ |
Si votre personnel se présente à la patientèle avec leur nom, il est possible de les inviter à se présenter aussi avec leurs pronoms au premier contact pour permettre à la personne de partager les siens et éviter qu’uniquement les personnes trans et non binaires aient à le faire.
P. ex. : en se présentant oralement « Je m’appelle X et j’utilise le pronom X ».
Si votre personnel ne se présente pas à la patientèle par leur nom (avec un “comment puis-je vous aider” notamment), il est possible de signifier les pronoms à l’aide d’étiquettes de noms + pronoms, ou encore sur les plaques nominatives de bureau.
Aussi, il est pertinent d’ajouter ses pronoms à sa signature de courriel lors de communications.
P. ex. : Martine Caron (elle) ; Dr Giron (il/lui) ; Dr Nguyen (iel/they).
Le genre, du sexe assigné à la naissance et des organes génitaux
Le sexe assigné à la naissance fait référence à l’étiquette homme/femme qu’on nous attribue en fonction de nos organes génitaux. On précise qu’il est assigné à la naissance pour rendre compte du caractère arbitraire et indépendant du ressenti de la personne. Le sexe assigné à la naissance se distingue donc du genre de la personne, puisque le genre réfère à comment la personne se sent à l’intérieur et se positionne face aux options de genre que la société lui propose. Les documents légaux utilisent souvent les termes de « sexe » ou « mention de genre » pour parler du sexe assigné à la naissance. C’est pourquoi il est important de ne pas se baser uniquement sur les documents légaux pour identifier le genre de la personne.
Aussi, le sexe assigné à la naissance ne correspond pas automatiquement aux organes génitaux actuels de la personne. Certaines personnes n’ont pas gardé les mêmes organes génitaux qu’à la naissance, comme certaines personnes trans, ou les personnes intersexes dont les organes génitaux ne correspondent pas à une distinction binaire claire. Questionner le « sexe » au lieu des organes génitaux peut aussi susciter beaucoup d’inconfort pour certaines personnes trans et non binaires, puisqu’elles peuvent subir des indiscrétions au quotidien et vivre de la dysphorie de genre vis-à-vis de leurs organes génitaux. Il est donc préférable de questionner directement les organes génitaux et non le sexe.
Offrir systématiquement à toute la patientèle d’indiquer son genre, son sexe assigné à la naissance et ses organes génitaux actuels (s’il diffèrent de ceux assignés à naissance) permet de mieux cerner la réalité de genre de la patientèle et d’orienter adéquatement les questions déterminant les tests à réaliser.
- Questionner le genre de la personne informe du genre de la personne et comment vous adresser à elle :
- Le genre, comme l’orientation sexuelle*, peut fluctuer et être multiple. Si possible, laisser la possibilité aux personnes de répondre avec une question ouverte, choisir plus qu’une option ou inciter les personnes à choisir l’option qui leur convient « le mieux ». On ne peut pas non plus présumer que l’identité sexuelle ou de genre d’une personne sera toujours la même. Ne pas hésiter à poser les mêmes questions au fil du temps pour permettre à la personne de manifester un changement.
- Questionner le sexe assigné à la naissance informe du parcours trans ou cisgenre de la personne :
- Utiliser le terme « sexe assigné à la naissance » au lieu du terme « sexe » permet de mieux tenir compte des réalités des personnes trans, non binaires et intersexes.
- Avoir une option « autre » permet aux personnes intersexes de répondre sans avoir à choisir entre homme ou femme.
- Questionner les organes génitaux actuels permet de connaître les organes génitaux à considérer pour les tests et de savoir si la personne a subi une intervention chirurgicale.
P. ex. :
Quel est votre genre? : _________ ou Quel est le genre qui vous décrit le mieux? : _________ ☐ Homme ☐ Femme ☐ Non binaire ☐ Agenre ☐ Bispirituel·le ☐ Genderfluid ☐ Je m’identifie autrement : __________________________ Quel est le sexe qui vous a été assigné à la naissance? : ☐ Homme ☐ Femme ☐ Autre S’ils diffèrent de votre sexe assigné à la naissance, quels sont vos organes génitaux actuels? : ☐ Pénis ☐ Vagin/Vulve ☐ Autre : __________________ |
Les besoins en accessibilité
L’accès au bâtiment et aux informations peut être un enjeu pour plusieurs personnes. Pour faciliter l’accès, il est pertinent d’offrir plusieurs façons de prendre rendez-vous, d’accéder aux services et aux informations.
- Offrir plusieurs façons de pouvoir prendre rendez-vous, comme en ligne et au téléphone.
- Assurer l’accessibilité au contenu de toutes les communications et informations:
- Ajouter des options de sous-titres et/ou une audiodescription aux vidéos;
- Adapter les sites Web ou médias sociaux aux lecteurs d’écran;
- Ajouter du texte alternatif ou description d’image aux images, formulaires, publications sur les réseaux sociaux;
- Ajouter de l’audiodescription aux sites Web et médias sociaux;
- S’assurer que la police d’écriture soit claire et lisible;
- S’assurer que les textes soient vulgarisés et simples à lire.
- Informer la patientèle, en ligne ou par téléphone, de l’accessibilité des lieux : ascenseurs et/ou escaliers, rampe d’accès, près des transports en commun, stationnement, etc.
- Offrir systématiquement lors de la prise de rendez-vous (sur le site Web ou par téléphone) l’option de mentionner si la personne requiert une aide particulière pour entrer dans la clinique ou pour mener à bien le rendez-vous :
- Cela aide les personnes à ne pas ressentir une culpabilité à demander de l’aide;
- Cela vous permettra d’éclairer les besoins de la personne et de confirmer que vous pouvez faciliter son dépistage ou sinon de la rediriger vers une autre ressource.
P. ex. :
Avez-vous besoin d’une aide particulière pour accéder à la clinique ou durant la consultation? Il se peut qu’on vous contacte pour valider vos besoins et faire de notre mieux pour vous accommoder. |
- Si possible, identifier clairement les langues parlées et écrites par les membres de l’équipe et demander à la patientèle de choisir la langue parmi celles disponibles, ou dans laquelle elle est plus confortable à s’exprimer à l’écrit ou à l’oral :
- Si la personne se sent à l’aise et possède un téléphone ou un appareil ayant une application de traduction simultanée, cela pourrait être aidant (à l’écrit ou verbalement) pour échanger les informations. Ou encore utiliser son propre appareil ou téléphone;
- Essayer de trouver des ressources pour traduire (des membres du personnel, des interprètes, etc.).
- Certaines personnes n’ont pas une carte RAMQ valide et n’ont pas accès à tous les services de dépistage. Si vos services ne peuvent pas accepter les personnes n’ayant pas accès à la RAMQ :
- S’assurer de bien indiquer les prix au préalable (tests à réaliser, frais de transport, prescription, etc.);
- Constituer une liste de ressources offrant des services de dépistage des ITSS sans couverture de la RAMQ pouvant être disponible en ligne ou par téléphone afin de rediriger adéquatement la personne lorsqu’elle vous informe qu’elle n’est pas couverte par la RAMQ.
Aménagement des lieux
Dans une monde idéal, tous les services de dépistage des ITSS offrent un accès autonome à leur milieu pour tout le monde. Cela peut inclure des rampes d’accès, des entrées sans emmarchement, des toilettes non genrées et accessibles en chaise roulante, des équipements de plus grande taille, etc. Il existe plusieurs façon de s’assurer que nos lieux sont aussi inclusifs de toutes les personnes :
- S’assurer que les couloirs et les espaces de circulation sont assez grands pour des personnes de plus grande taille ou pour l’équipement de personnes en situation de handicap, comme une chaise roulante;
- S’assurer qu’il y ait des indications claires et précises pour l’utilisation des accès et pour se déplacer dans la clinique :
- Pour l’utilisation des ascenseurs dans le bâtiment et pour se déplacer sur les lieux;
- Pour se diriger vers la réception, les salles de consultation, les espaces d’auto-prélèvement ou les toilettes.
Il se peut que votre bâtiment ait des limites existantes ou difficilement ajustables. Si c’est le cas, une bonne façon de maximiser l’accès à travers ses contraintes est d’informer la patientèle des limites à l’aide, notamment, d’un message clair sur le site de la clinique et dans la porte d’entrée qui précise les limites et les moyens d’accès.
Toilettes et espaces d’auto-prélèvements
Un grand nombre de personnes trans et non binaires évitent les toilettes par malaise, par sécurité ou pour éviter la discrimination. Pour assurer le confort, mais aussi la sécurité des personnes qui ont à utiliser vos toilettes, il est important de les dégenrer en remplaçant l’enseigne par une enseigne inclusive, en particulier si elles sont à utiliser pour les tests d’auto-prélèvements et que les personnes ne peuvent pas les éviter :
- P. ex. : un pictogramme de toilette ou de papier toilette; une enseigne sur laquelle est inscrit « toilettes pour tout le monde » ou simplement « toilettes ».
- Si les toilettes contiennent des installations préalables différentes, vous pouvez identifier ces installations sans utiliser le genre pour laisser les personnes choisir :
- P. ex. : changer l’enseigne des toilettes pour homme/femme par « toilettes avec urinoirs/cabines ».
- S’il est impossible de dégenrer les toilettes, s’assurer de pouvoir aider la personne à repérer d’autres toilettes non genrées ou individuelles. Installer une affiche dans un lieu stratégique, comme à l’accueil, pour guider la personne vers ces toilettes :
- Ne pas présumer de la toilette que la personne va choisir et donner l’option à toute personne de choisir la toilette qui lui convient.
- Si vous proposez des services en auto-prélèvement qui nécessitent l’utilisation des toilettes, s’assurer que les endroits prévus sont des espaces suffisamment grands pour une diversité des corps, accueillir une chaise roulante, etc.
Salles d’attente et de consultation
Offrir une diversité de places assises adaptées à la diversité corporelle et aux situations de handicap :
- Privilégier les places assises sans accoudoirs qui procurent une stabilité;
- Prévoir des espaces dans la salle d’attente pour les chaises roulantes;
- Cela inclut la table d’examen et les chaises dans la salle d’examen, mais aussi les places dans la salle d’attente.
S’assurer d’avoir du matériel médical accessible et adapté à des poids plus élevés et/ou des corps plus gros, et/ou à des handicaps physiques:
- P. ex. : des jaquettes médicales de plus grande taille, des appareils de mesure de pression artérielle de plus grande taille, des équipements de prélèvement et d’examens adaptés, etc.
Vous pouvez afficher des éléments visuels qui contribuent à faire savoir que vous êtes un endroit inclusif dans les cliniques.
P. ex. :
- Des affiches de la Fierté, des images ou macarons des différents drapeaux des communautés 2SLGBTQIA+;
- Des affiches dénonçant la grossophobie, célébrant l’estime de soi corporelle ou des slogans comme « un service de qualité offert pour toutes les tailles »;
- Des affiches précisant la diversité de langues dans lesquelles les services sont offerts;
- Des affiches et d’autres documents d’information ayant des représentations visuelles qui sont pertinentes pour différentes communautés ethnoculturelles;
- Des affiches exprimant que vous avez fait des efforts actifs pour créer un milieu inclusif.
Pratiques inclusives pendant le rendez-vous
Il est possible de favoriser l’inclusion lors du rendez-vous de dépistage dans les questionnaires pour déterminer les tests et dans la réalisation de ceux-ci. Cela passe par l’adoption de pratiques systématiques qui mettent la personne au centre de l’intervention. Ces recommandations visent à baser nos interventions sur l’individu devant nous et à nous distancier de possibles idées préconçues qu’on puisse avoir et qui peuvent influencer le dépistage.
Le genre et les pronoms
Pour s’adresser à la personne en fonction du bon genre, il est important de prendre connaissance de comment la personne parle d’elle et ne pas présumer selon nos propres observations :
- Reprendre les mots que la personne utilise pour se définir et être à l’écoute de comment la personne parle d’elle-même. Utiliser les mêmes mots;
- Ne pas présumer les pronoms de la personne. En cas de doute, il est préférable de lui demander quels pronoms elle utilise;
- Se présenter avec son ou ses pronoms peut permettre à la personne de faire de même.
P. ex. Bonjour, je m’appelle Daniel et j’utilise les pronoms il/lui, et vous?
- Si le genre ou les pronoms de la personne ne sont pas connus ou inscrits au dossier, privilégier les formulations épicènes et éviter d’assigner un genre à la personne :
- Utiliser des pronoms non binaires :
- Au lieu de il ou elle : iel, ille, ol, ael, etc.;
- Au lieu de celui ou celle : cellui, celleux, ceuze.
- Utiliser des pronoms non binaires :
Le genre des partenaires
Déterminer le genre des partenaires est pertinent pour identifier les pratiques sexuelles de la patientèle et les risques qui y sont associés. Certaines formulations sont à préférer que d’autres pour permettre une évaluation qui respecte le genre de la personne et de ses partenaires, mais qui est aussi efficace pour déterminer les tests à administrer. Notamment :
- Il est préférable de prendre une formulation neutre pour parler des partenaires de la personne, afin de tenir compte des réalités non hétérosexuelles :
- Privilégier une formulation comme « avez-vous présentement un, une ou des partenaire(s) sexuels? » au lieu de « avez-vous présentement un chum/une blonde? »
Amalgamer les organes génitaux au genre peut poser problème dans l’évaluation des pratiques à risques, puisque certaines personnes ont des organes génitaux qui diffèrent de leur genre. Le genre peut fluctuer et ne pas signifier la même chose d’une personne à l’autre. Par exemple, si vous demandez à la personne, « avez-vous des relations sexuelles avec des hommes? », cela ne vous indique pas si le partenaire a un pénis ou un vagin et les potentielles pratiques sexuelles à questionner pour en évaluer les risques :
- Il est préférable de plutôt questionner directement les organes génitaux, comme ceci : « avez-vous des relations sexuelles avec des personnes qui ont un vagin/pénis? ».
Les pratiques sexuelles et les parties du corps
Pour être le plus inclusif.ve possible, il est mieux de poser toutes les questions nécessaires à l’évaluation du besoin de dépistage, peu importe les facteurs identitaires de la personne. Cependant, l’ouverture ne doit pas se transformer en curiosité. Bien que l’envie de comprendre est bien intentionnée, certaines personnes, comme les personnes trans, les personnes exerçant le travail du sexe et les personnes en situation de handicap physique sont souvent confronté au fait de répondre à des questions sur leur intimité qui ne sont pas nécessaires à l’évaluation de leurs besoins de dépistage. De même, si vous sentez qu’une question peut être sensible pour la personne. Par exemple, préciser les organes génitaux d’une personne trans et avoir peut de lui causer un inconfort, vous pouvez toujours introduire la question en reconnaissant la délicatesse de la question. Enfin, si vous avez des questions et des curiosités, c’est normal. On ne vous encouragera jamais assez de nourrir un intérêt pour mieux comprendre, mais on vous recommande de les noter et de faire vos recherches à l’extérieur des espaces de consultations, pour ne pas rendre la patientèle mal à l’aise ou leur donner la responsabilité de vous éduquer.
Certaines caractéristiques identitaires sont aussi associées à des facteurs de risque pour la contraction d’une ou de plusieurs ITSS (Ministère de la santé et des services sociaux, 2019), comme :
- l’orientation sexuelle;
- le travail du sexe;
- une incarcération passée;
- un parcours trans;
- être originaire d’un pays endémique du VIH.
Bien que ces éléments soient des facteurs de risque et nous mettent la puce à l’oreille pour de potentiels risques accrus de contraction d’ITSS, s’y limiter pour identifier les risques des individus peut les faire sentir comme s’ils étaient réduits à ces catégories identitaires. Poser des questions concernant les pratiques sexuelles qui sont axées sur les comportements plutôt que sur des facteurs identitaires est une démarche plus inclusive, qui part de la personne et qui tient compte de son unicité et de sa capacité à être agentive, sans la réduire à une catégorie. De même, avoir une identité particulière n’égale pas nécessairement à des pratiques à risque et les comportements potentiellement à risque devront être questionnés. Questionner directement les pratiques permet un raccourci sans étiqueter la personne et potentiellement la faire sentir jugée :
- P. ex. : seulement demander à un homme s’il a des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) pour évaluer le risque de contraction du VIH :
Problèmes possibles : La définition d’un homme n’est pas universelle; cela n’éclaire pas sur les pratiques à risque pour la transmission du VIH, puisqu’une « relation sexuelle » ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. | Solution : Demander directement si la personne a des relations sexuelles de pénétration anale avec d’autres personnes qui ont un pénis. |
À l’inverse, on ne peut pas présumer qu’une personne n’a pas de pratiques sexuelles à risque ou n’a pas ou peu d’activités sexuelles en raison de caractéristiques identitaires ou corporelles, et il importe de lui poser toutes les questions nécessaires à l’évaluation du besoin de dépistage :
- Des préjugés d’asexualité pèsent sur certains groupes, comme les personnes en situation de handicap physique et intellectuel, les personnes neurodivergentes, les personnes âgées et les personnes grosses.
Baser nos interventions sur la personne signifie aussi favoriser l’autodétermination et l’auto-identification d’une personne par rapport à son genre, ses pratiques sexuelles et son identité sexuelle. Les pratiques sexuelles n’équivalent pas toujours à l’identité, alors il est mieux d’éviter d’imposer une étiquette à la personne :
- P. ex. : une femme ayant des relations sexuelles avec des hommes et des femmes peut se considérer hétérosexuelle et non bisexuelle.
De même, il est important d’être explicite lorsqu’on parle de pratiques sexuelles particulières et éviter d’employer des termes vagues comme « relations sexuelles non protégées ». La compréhension commune de « relations sexuelles » se limite souvent à des relations de pénétration vaginale ou anale, mais bien des gens ont des relations sexuelles sans pénétration.
Enfin, il est préférable d’éviter d’émettre des commentaires ou des critiques suite au dévoilement de pratiques sexuelles considérées à risque. Plutôt, nommer que certaines pratiques peuvent être plus à risque et encourager la mise en place de pratiques sexuelles sécuritaires. Cela évitera que la personne se sente jugée et que cela ne la décourage de se faire dépister. De même, il est mieux de ne pas juger une personne qui a retardé un dépistage ou qui a annulé un rendez-vous. Il se peut que la personne anticipait le rendez-vous en raison d’expériences préalables négatives, d’une anticipation de vivre des micro-agressions ou de peur d’un résultat positif. On devrait plutôt encourager et féliciter la personne parce qu’elle a pris rendez-vous malgré ses appréhension, qu’elle a entrepris des démarches pour promouvoir sa santé sexuelle.
Favoriser l’accessibilité durant le rendez-vous
Certaines personnes ont de la difficulté à s’exprimer, soit en raison d’une barrière de langue, d’une gêne quant à aborder la sexualité ou encore en raison de difficultés d’élocution. Si la personne a de la difficulté à s’exprimer, il vaut mieux l’écouter attentivement et patiemment, sans essayer de terminer ses phrases plus rapidement :
- Considérer que la personne peut avoir du mal à s’exprimer aisément sur sa sexualité, que ce soit dans sa langue ou dans une langue seconde. Elle peut aussi combiner des termes de sa langue et d’une autre langue (comme l’anglais ou le français) pour se faire comprendre.
Si la communication verbale est difficile, essayer de proposer des modes de communication alternatifs, comme la communication non verbale, pour expliquer les prélèvements et les parties du corps en utilisant des schémas et des dessins, ou des pictogrammes.
Lorsque vous expliquez les prélèvements et les tests à réaliser, qu’ils soient réalisés par la patientèle ou vous-même, assurez-vous de donner des explications claires et précises du déroulement :
- Proposer les différentes positions dans lesquelles les prélèvements peuvent être réalisés pour que la personne choisisse ce qui la rend le plus à l’aise en fonction de son corps et de sa mobilité;
- S’assurer d’avoir le consentement de la personne pour toucher et pour chaque test que vous allez réaliser sur leur corps, s’il y a lieu, en annonçant les manœuvres avant de les réaliser :
- Demander le consentement est essentiel pour que la personne comprenne ce qui est réalisé et ne soit pas surprise par vos gestes, mais aussi car nous ne connaissons pas les expériences préalables de la personne, et il faut donc user de délicatesse.
- Il est possible de vérifier le consentement en expliquant préalablement les tests qui seront réalisés et en demandant l’accord de la personne pour les réaliser. Ensuite, lors des tests, on peut expliciter chaque étape en nommant ce que vous allez faire juste avant de le faire.
P. ex. : Je vais vous toucher le bras; je vais insérer l’aiguille, je vais insérer le coton-tige pour le prélèvement, etc.
- Nommer les choses avec précision, ne pas user de sous-entendus pour adresser des pratiques, des parties du corps, des tests ou autres informations. Cela permettra de conserver un langage neutre et de vous assurer que la personne comprend.
P. ex. : au lieu de dire « prélèvement au niveau des organes génitaux » dites « prélèvements au niveau du vagin ou rectum ».
Pratiques inclusives après le rendez-vous
Pratiquer l’inclusion dans les services, comme dans l’équipe
Réfléchir aux pratiques inclusives qui peuvent être mises en place également auprès de l’équipe. Si l’environnement est inclusif pour la patientèle, il devrait également l’être pour les membres du personnel.
Recruter des infirmier·ère·s, médecins, employé·e·s de la clinique appartenant à une diversité d’identités est une bonne stratégie afin de faciliter l’aisance de la patientèle issue de différentes communautés.
Sonder le personnel actuel pour la création d’un comité d’inclusion pour veiller à la révision des communications, des publicités, la mise en place de protocoles à suivre pour les membres du personnel de la clinique et l’aménagement des lieux. Ce comité peut être formé de personnes s’identifiant dans une diversité de vécu et de personnes ne s’y identifiant pas particulièrement, pour que le poids de l’inclusion ne reviennent pas aux personnes qui peuvent déjà vivre de l’exclusion.
P. ex. : en faisant un sondage ou des rencontres individuelles demandant comment les personnes s’identifient, et si elles acceptent que l’information soit partagée au sein de la clinique et désirent s’impliquer aux efforts d’inclusion.
Une formation continue
Il est de notre responsabilité de continuer à s’éduquer/s’informer sur les luttes et à propos des situations de discrimination, et les barrières d’accès au dépistage rencontrées par les personnes des communautés 2SLGBTQIA+, les personnes en situation de handicap et/ou neurodivergentes, les personnes grosses, les personnes racisées et/ou migrantes, et les personnes exerçant le travail du sexe. Pour s’assurer que tous les membres du personnel aient accès à une formation et du soutien sur l’inclusion de façon continue, vous pouvez répertorier et établir un contact avec des organismes communautaires s’adressant aux différentes populations clés dans votre région. Consultez les ressources pour chaque population clé afin d’avoir une liste d’organismes offrant des informations et des formations aux professionnels de la santé.
Assurer une formation obligatoire et en continu pour l’ensemble du personnel de la clinique au sujet de l’inclusion et des pratiques inclusives permet de faciliter l’adaptation de pratiques et de services inclusifs. Le vocabulaire et nos compréhensions de l’inclusion et des diverses réalités sociales sont constamment en évolution.
Mettre en place des politiques d’intervention et un système de commentaires/plaintes/suggestions pour contrer les situations de discrimination ou les micro-agressions. Ce système vous permettra de recevoir les commentaires de la part de la patientèle et de vous concerter à ce sujet et créer un espace inclusif sur mesure pour votre patientèle :
- P. ex. : instaurer un système de plaintes en ligne permettant aux personnes de prendre parole facilement et sans interaction pour faciliter l’aisance, comparativement à la réalisation de rencontres individuelles qui peuvent être confrontantes.
Se pratiquer à inclusion
Se pratiquer permet de transformer les nouveaux comportements en habitudes et vous permettra d’être plus habiles avec certaines pratiques inclusives. Par exemple, vous pouvez vous pratiquer à :
- Parler sans genrer les personnes;
- Éviter d’utiliser des termes comme « obésité », « en surpoids » ou « embonpoint » pour parler d’une personne grosse, même en dehors du milieu de dépistage, puisque ces termes renforcent le stigma associé au poids et contribuent à l’évitement des milieux médicaux et de dépistage des personnes grosses;
- Être alerte aux préjugés, idées préconçues et discours discriminants dans votre milieu de travail à l’endroit des personnes de différentes communautés. Nous pouvons nous aider à apprendre, tout le monde ensemble.
Célébrer l’inclusion
Célébrer la diversité à longueur d’année et reconnaître les journées de célébration des différentes population clés :
- P. ex. : mettre des collants, des affiches et des brochures soulignant votre implication auprès de différentes communautés dans la clinique à longueur d’année;
- Vous référer aux organismes communautaires pour obtenir du matériel promotionnel;
- Inclure une diversité de représentations dans les campagnes de promotion et les éléments visuels de la clinique.
Souligner les journées de visibilité et de luttes à l’aide de drapeaux, d’affiches ou de représentations imagées dans le centre ou la clinique et dans les communications. Voici une liste non exhaustive de dates à retenir et à souligner dans vos espaces et vos communications:
- Mois de Février – Mois de l’histoire des Noir·e·s;
- 8 mars – Journée internationale des femmes;
- 21 mars – Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale;
- 02 avril – Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme;
- 17 mai – Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie;
- 09 août – Journée internationale des peuples autochtones;
- 01 décembre – Journée mondiale de lutte contre le sida;
- 03 décembre – Journée internationale des personnes handicapées;
- 17 décembre – Journée mondiale contre les violences faites aux travailleur·se·s du sexe;
- 18 décembre – Journée internationale des migrants.
Par respect pour les peuples autochtones et pour reconnaître impacts de la colonisation encore présents, il est aussi important de reconnaître l’occupation de territoires traditionnels non cédés sur lesquels votre clinique est située sur toutes les communications, votre site Web et à la réception de la clinique.
Faire des erreurs… et les rattraper
Il est normal de faire des erreurs. L’important est de le reconnaître et de rectifier le tir du mieux que vous pouvez. Il faut éviter d’être sur la défensive ou de prendre la critique comme une attaque, ce qui pourrait créer un sentiment d’inconfort chez la personne et empirer la situation. En revanche, entendre un commentaire de la part d’un·e patient·e comme un besoin de respect, de reconnaissance ou d’inclusion vous aidera à ne pas le percevoir comme une critique ou un jugement, ce qui permettra ensuite l’empathie et une meilleure écoute. En ayant une ouverture à l’apprentissage et à l’amélioration, vous démontrez que vous pouvez offrir un espace sécuritaire et de confiance même en faisant des erreurs. Après tout, l’inclusion est une démarche en continu.
Exemple d’erreur 1 : Vous anticipez de faire une erreur ou vous vous faites reprendre sur une erreur.
❌ Dire que c’est « difficile », « différent », «compliqué» ou « bizarre » pour vous.
✅ Dire « Je ne m’y connais pas beaucoup sur le sujet, mais je suis prêt·e à apprendre et faire mes recherches ».
Car le vécu de la personne n’est ni difficile, différent ou bizarre; il n’est simplement pas imposé comme norme par la société. Ainsi, vous signifiez une ouverture et votre engagement à apprendre, pour que cela ne retombe pas sur les épaules de la personne.
Exemple d’erreur 2 : Vous recevez une plainte ou un commentaire négatif sur les réseaux sociaux, sur les avis Google, dans un article de médias ou lors d’entrevues données à la télévision, vous accusant d’être discriminants ou de ne pas être un service inclusif.
❌ Répondre sur la défensive, ne pas répondre ou supprimer le commentaire.
✅ Répondre avec accueil et ouverture : excusez-vous que la personne ait vécu une expérience désagréable à la clinique et signifiez que vous désirez vous améliorer, que vous êtes en processus d’apprentissage et que vous veillerez activement à ce que la situation ne se reproduise pas.
C’est important d’y répondre, car c’est une occasion d’exprimer publiquement vos efforts d’inclusion.
Exemple d’erreur 3 : Vous vous trompez dans l’usage du pronom de la personne.
❌ Continuer à utiliser le mauvais pronom ou vous excuser à plusieurs reprises.
✅ Reprenez-vous immédiatement avec le bon pronom et continuez la conversation tout simplement.
Exemple d’erreur 4 : Vous vous trompez de prénom et vous remarquez que la personne a un prénom différent de celui inscrit sur ses documents (son nom légal).
❌ Continuer à utiliser le prénom légal.
✅ Vérifiez avec la personne que vous utilisez bien le bon prénom en utilisant celui d’usage et continuer avec le prénom qu’elle vous prescrit d’utiliser.
Exemple d’erreur 5 : La personne vous reprend sur ses pronoms ou son prénom.
❌ Répondre sur la défensive que c’est difficile de tout retenir ou que vous ne pouviez pas savoir.
✅ Vous excuser une fois, vous rectifier, l’inscrire à son dossier si ce n’est pas déjà fait et continuer l’interaction en utilisant les bons termes.
Ce n’est pas une attaque de la part de la personne, et cela lui a peut-être même demandé un certain courage.
Spécificités des populations clés
Personnes des communautés 2SLGBTQIA+
Les personnes des communautés 2SLGBTQIA+ peut englober les réalités de toutes les personnes qui ne s’identifient pas comme hétérosexuelles, soit qu’elles ne sont pas attirées physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par les personnes du genre opposé, et qui ne sont pas cisgenres, soit que leur genre ne concorde pas avec le sexe qui leur a été assigné à la naissance.
Glossaire
2SLGBTQIA+ :
Acronyme regroupant différentes communautés de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres :
2S: les personnes bispirituelles (Two-Spirit) dans les cultures autochtones qui ont un esprit féminin et masculin ancrés dans un même corps. Ce terme est utilisé pour décrire l’orientation sexuelle, l’identité de genre et/ou l’identité spirituelle. Cependant, chaque communauté a sa propre définition de la bispiritualité et elle ne peut pas être réduite à une identité ou une orientation sexuelle. Ce terme est enraciné dans la culture autochtone et une personne allochtone devrait plutôt utiliser le terme « bi-genre » pour se définir si elle le désire.
L: les personnes lesbiennes sont des femmes qui sont attirées physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par d’autres femmes, et cela inclut les personnes non binaires.
G: les personnes gai·e·s sont généralement des hommes qui sont attirés physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par d’autres hommes, et cela inclut les personnes non binaires. « Gai·e » peut aussi être utilisé au sens plus large pour décrire une personne qui est attirée par les personnes du même genre.
B: les personnes bisexuelles sont attirées physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par des personnes du même genre et de genre différent.
T: les personnes trans sont des personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à leur sexe ou à leur genre assigné à la naissance. Elles peuvent avoir entamé ou non une transition sur le plan social, légal ou médical.
Ce terme peut inclure les personnes non binaires, selon leur propre identification, mais pas toutes les personnes non binaires s’identifient comme trans. Le genre non binaire est un terme parapluie qui rassemble les identités ne se conformant pas à la binarité homme/femme. Il existe plusieurs termes repris par les personnes non binaires, comme « genderqueer », « genderfluid », « gender nonconforming », « non binaire », « androgyne », etc.
Q: les personnes queer et « en questionnement ». Le terme queer signifie originalement « bizarre », mais est réapproprié par les personnes dont l’identité de genre, l’orientation sexuelle, les pratiques, les idées ou les configurations relationnelles ne se conforment pas au modèle normatif hétérosexuel ou d’identité de genre binaire.
« En questionnement » désigne les personnes qui sont incertaines de, ou qui se questionnent sur leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre, de manière ponctuelle ou permanente.
I: les personnes intersexes sont des hommes, des femmes ou des personnes non binaires qui naissent avec des caractéristiques physiques sexuelles qui ne correspondent pas aux conceptions sociales et médicales binaires des corps (homme ou femme), notamment concernant l’apparence des organes génitaux, le système reproducteur, les hormones ou les chromosomes sexuels, et se manifestant à divers degrés sur le plan physionomique. Plusieurs personnes intersexes dénoncent l’imposition d’un sexe ou d’un genre sans vérification préalable de leur identification personnelle.
A: les personnes asexuelles ressentent peu ou pas d’attirance sexuelle envers leurs partenaires et les personnes aromantiques ressentent peu ou pas de sentiment amoureux envers leurs partenaires.
+: la multitude d’identités qui ne se retrouvent pas ou ne se reconnaissent pas dans l’acronyme.
Il est aussi important de noter que la majorité de ces acronymes sont principalement utilisés dans un contexte occidental. Il se peut que des termes, associés soit à la pluralité des genres ou/et à la non-hétérosexualité, soient propres à certaines cultures. Certains des termes n’ayant pas de traduction peuvent amener la personne à s’identifier par sa langue maternelle.
Spécificités pour l’inclusion
Faire attention à ne pas:
- Outer la personne, soit le fait de dévoiler l’identité sexuelle de la personne ou son parcours trans sans sa permission;
- Reprendre les informations sur le genre et le nom de la personne en fonction de ses informations légales et ne pas demander le prénom utilisé couramment et le genre. Cela peut forcer la personne à devoir demander une modification au personnel, ce qui peut dévoiler son identité de genre et la met à risque de vivre des micro-agressions :
- À noter que certaines personnes en début de transition peuvent se mégenrer elles-mêmes car elles apprennent elles aussi à déconstruire le cishétérosexisme, mais il reste important de continuer à utiliser les bons pronoms et les bons accords;
- Utiliser le prénom de la personne parce qu’il n’est pas encore changé légalement et utiliser le prénom attribué à la naissance (deadname);
- Présumer de l’état physiologique ou de la prise de certains traitements d’une personne intersexe ou d’une personne trans en consultation.
Ressources et organismes avec services pour vous soutenir
Association professionnelle canadienne pour la santé transgenre
- @: info@cpath.ca
- Site internet : cpath.ca
Portail VIH/sida (Carte interactive des sites de dépistage à proposer pour référer)
- Téléphone 514 523-4636
- @: intervention@pvsq.org
- Site internet: www.pvsq.org/
Le Dispensaire
- Téléphone : 450 431-7432
- Site internet : www.www.dispensaire.org/ (avec fiche contact)
ASTT(e)Q: Action santé travesti(e)s et transsexuel(le)s du Québec
- Téléphone : 514 847-0067 #207
- @ : info@astteq.org
- Site internet : astteq.org
COCQ-SIDA (Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida)
- Téléphone : 514 844-2477
- @: info@cocqsida.com
- Site internet : http://cocqsida.com/
Pour aller plus loin
Guides:
Club Sexu et Les 3 Sex (2021). Apprendre à nous écrire : Guide et politique d’écriture inclusive. À commander sur le site du Club Sexu
Conseil québécois LGBT (2020). Mieux nommer et mieux comprendre: changer de regard sur les réalités de la diversité de genre et les enjeux trans*: www.www.conseil-lgbt.ca/wp-content/uploads/2020/11/Guide-mieux-comprendre-enjeux-trans_CQLGBT.pdf
Rainbow Health Ontario (2015). Signalisation pour toilettes: www.www.rainbowhealthontario.ca/ fr/collection-de-ressources/signalisation-pour-toilette/
National LGBTBTQIA+ Health and Education Center (2020). Affirmative-Care-for-Transgender and Gender Non-Conforming People: Best Practices for Front-line Health Care Staff : www.www.lgbtqiahealtheducation.org/wp-content/uploads/2020/03/TFIE-40_Best-Practices-for-Frontline-Health-Care-Staff-Publication_web_final.pdf
Comité pour la diversité sexuelle et l’identité de genre du Comité des syndicats du Québec (2020). Comment soutenir les membres LGBTQ+ : Guide à l’intention des personnes responsables syndicales : www.diversite.lacsq.org/wp-content/uploads/ 2020/10/ 1920-134_Comment_soutenirMembresLGBTQ_Web2.pdf
The 519 Church Street Community Centre et Catie (2017). Embrase-moi. Guide de sexe plus sécuritaire pour les femmes trans : http://librarypdf.catie.ca/ATI-20000s/26425.pdf
Cactus Montréal (2011). Je m’engage: Un manuel pour les professionnels en santé et services sociaux qui travaillent avec des personnes trans: https://cerda.info/wp-content/uploads/2019/05/Un_manuel_pour_les_professionnels_en_sant%C3%A9_et_services_sociaux_qui_travaillent_avec_des_personnes_trans.pdf
RÉZO (2020. Hot : https://www.rezosante.org/guidehot/
Formation en ligne gratuite :
Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles, le Groupe d’action trans de l’Université de Montréal (GATUM) et le Vice-rectorat aux affaires étudiantes et aux études) (2019). Trans•diversité: https://catalogue.edulib.org/fr/cours/umontreal-dsg101/
Personnes grosses
La diversité corporelle rassemble toutes les personnes dont l’apparence corporelle ne correspond pas aux standards de beauté occidentaux. Elle peut englober plusieurs dimensions, allant de la couleur de la peau à une situation de handicap, mais ici l’attention est particulièrement mise sur la question du poids, en particulier en contexte médical. Ainsi, nous adresserons les enjeux liés au poids quant à l’accès au dépistage.
Glossaire
Personne grosse
Terme repris par certaines personnes militant contre la grossophobie pour s’auto-identifier comme personne ne correspondant pas aux standards de minceur imposés par la société. Bien que le terme « gros·se » soit encore considéré comme négatif ou péjoratif pour parler de l’apparence, certaines personnes ont décidé de se réapproprier le terme pour souligner que la grosseur n’est pas un aspect négatif ou à corriger.
Étant donné le stigma omniprésent associé au poids et les normes de minceur inatteignables de notre société, se considérer comme gros·se peut être relatif pour chaque personne. Certaines personnes préfèrent d’autres termes, comme « taille plus », par exemple. Il est important de ne pas décider pour la personne et de ne pas étiqueter une personne comme grosse sans son consentement et selon nos propres barèmes.
Spécificités pour l’inclusion
Faire attention à ne pas:
- Investiguer les habitudes de santé ou le poids d’une personne qui est là pour un dépistage. Les personnes grosses sont sur-sollicitées à surveiller leur poids, même dans les contextes qui ne le requièrent pas :
- Ne pas proposer ou insister sur la pesée ou la mesure du corps, alors qu’il n’y a aucun lien avec le dépistage,
- Insister sur la mesure du corps (p. ex. mesure du tour de l’abdomen).
- Qualifier une personne comme grosse, en surpoids, ou « taille plus » lorsqu’elle ne s’est pas elle-même identifiée comme telle;
- Utiliser des termes médicaux sur le poids comme « surpoids», « embonpoint », « obèse » ou « obèse morbide » qui diabolisent le poids et qui donnent l’impression que le poids est un problème à régler ou une situation temporaire, alors que c’est une finalité pour plusieurs personnes;
- Associer de façon unilatérale un poids considéré « dans les normes » et la santé;
- Présumer des activités sexuelles ou de l’asexualité de la personne en raison de son poids;
- Faire des commentaires sur le poids ou la prise de poids de la personne, que le commentaire soit négatif, positif ou encore neutre. Les commentaires dits valorisant, comme féliciter une perte de poids, peuvent déclencher un inconfort, en particulier si cela n’a aucun rapport avec le dépistage et/ou la santé sexuelle.
À faire pour favoriser l’inclusion:
- Respecter la décision des patient·e·s de ne pas se faire peser;
- Si la personne aborde son poids ou sa grosseur, reprendre les termes qu’elle emploie;
- Être conscient de notre langage corporel et de notre regard. Certains coups d’œil ou expressions faciales, même si inconscients, peuvent blesser ou créer un sentiment d’inconfort chez certaines personnes qui ont vécu ou qui anticipent une expérience négative dans un milieu médical;
- Mettre à l’aise la personne, qui peut être encore plus inconfortable que la moyenne de la patientèle en raison de sa crainte de vivre de la grossophobie médicale, mais aussi par crainte d’équipement ou de méthodes non-adaptées à son corps, ou encore d’expériences antérieures traumatisantes.
Ressources et organismes avec services pour vous soutenir
Grossophobie.ca – Infos & référence :
- @: equipe@grossophobie.ca
- Site internet : grossophobie.ca
Anorexie et boulimie Québec
- Téléphone: 514 630-0907
- @: info@anebquebec.com
- www.anebquebec.com/services/formations-professionnelles
Équilibre : Pour une image corporelle positive
- 514 270-3779
- info@equilibre.ca
- Site internet : www.equilibre.ca/
Bien avec mon corps
- Site internet (avec fiche contact) : www.bienavecmoncorps.com/
Pour aller plus loin
Guide
NAAFA (2020) Guidelines for healthcare providers with fat clients. En ligne: https://static1.squarespace.com/static/5e7be2c55ceb261b71eadde2/t/605d0b09af80014b16bbb2cd/1616710410284/2020+Guidelines+for+Healthcare+Providers.pdf
Livre
Edith Bernier (2020). Grosse, et puis ? Connaître et combattre la grossophobie. Trécarré: Montréal, 256 p.
Mickaël Bergeron (2019). La Vie en gros : regard sur la société et le poids. Somme Toute: Montréal, 248 p.
Série documentaire
Chloé Mercier (2022). J’t’aime gros. Disponible sur la plateforme Vrai de Vidéotron: https://www.qub.ca/vrai/j-t-aime-gros
Balado
Caroline Huard, alias Loonie (2022). À plat ventre : la culture des diètes avec Loounie. Disponible sur la plateforme Ohdio de Radio-Canada: https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/9394/plat-ventre-loounie-culture-dietes
Personnes en situation de handicap et/ou neurodivergentes
Les personnes en situation de handicap regroupent les personnes qui font face à des obstacles dans leurs possibilités d’interactions sociales et avec leur environnement. Leur handicap peut être temporaire ou permanent, et être de nature physique, intellectuelle, neurologique, sensorielle, psychique ou sociale.
La neurodiversité désigne la diversité du fonctionnement neurologique chez les humains et regroupe, entre autres, l’autisme, les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA-TDAH), les troubles d’apprentissage, la schizophrénie, le syndrome de la Tourette et les difficultés de lecture comme la dyslexie. Les enjeux de la neurodiversité sont complexes, et peuvent être compris sous les enjeux du capacitisme, mais cela n’est pas revendiqué par toutes les personnes neurodivergentes.
Glossaire
Personne en situation de handicap
L’utilisation de l’expression « personne en situation de handicap » est privilégiée par une majorité de personnes universitaires et/ou militantes, au détriment de l’expression « personne handicapée », pour parler de toute personne vivant avec un handicap. Au Québec, 16% de la population déclarait vivre avec une incapacité en 2017.
L’expression « personne en situation de handicap » réfère à l’environnement social, politique et physique, ainsi que l’organisation de la société, qui handicapent la personne, plutôt que de considérer la/les « limitation(s) fonctionnelle(s)/déficit physiques » comme étant « handicapante(s)» en soi.
À noter qu’il n’y a pas de consensus commun au sein des communautés. Même si l’expression « personne en situation de handicap » est couramment utilisée et jugée plus respectueuse, d’autres personnes préfèrent d’autres expressions, telles que personne avec incapacités, personne à capacité réduite, etc.
Les situations de handicap peuvent être tant visibles qu’invisibles, et sont mouvantes. En fait, 80% personnes en situation de handicap auraient une incapacité invisible, et il faut donc éviter de présumer l’absence de handicap. Les situations de handicap peuvent concerner de manière non exhaustive la mobilité réduite, les difficultés auditives et visuelles, les maladies et douleurs chroniques, la santé mentale, la neurodivergence, les lésions cérébrales, etc.
Est-ce qu’on dit handicap ou déficience? Lorsqu’on parle d’une personne qui vit avec un handicap, il est préférable d’éviter les termes ayant une connotation péjorative ou qui dévalorisent la personne en raison de son handicap. Ainsi, des termes comme invalidité, incapacité, déficience, une personne souffrant d’un handicap invoquent l’idée que la personne est souffrante, désavantagée ou anormale en raison de son handicap. Lorsqu’on aborde le handicap, parler de la personne comme étant en situation de handicap ou comme vivant avec un handicap la distancie du handicap, pour ne pas l’y réduire, et n’impose pas une conception de la personne comme souffrant nécessairement de sa situation.
Spécificités pour l’inclusion
Faire attention à ne pas :
- Présumer qu’une personne neurodivergente ou en situation de handicap n’a pas envie ou n’a pas les capacités d’avoir des activités sexuelles;
- Présumer les pratiques sexuelles de la personne en fonction de son apparence ou de sa situation de handicap;
- Présumer qu’en raison d’un handicap intellectuel, la personne n’est pas apte à avoir des activités sexuelles et à prendre des décisions en matière de dépistage;
- Infantiliser la personne dans nos commentaires ou dans la façon dont on s’adresse à elle :
- P. ex. : dire que la personne est « cute », « adorable » ou « courageuse » dans sa sexualité;
- Référer à la personne par son handicap ou sa neurodivergence ou utiliser les termes inappropriés, stigmatisants ou péjoratifs envers son handicap ou sa neurodivergence :
- P. ex. : l’handicapé·e, la personne qui boite, la personne avec un retard mental, l’autiste, etc.;
- Toucher ou déplacer l’équipement personnel de la personne (chaise roulante, canne, etc.) sans sa permission. L’équipement d’une personne en situation de handicap fait partie de son espace personnel;
- Dire que certaines choses sont « évidentes » ou « logiques », que « tout le monde sait ça », ou qui relève du « gros bon sens » peut faire sentir des personnes neurodivergentes inadéquates, et ne leur permet pas de comprendre votre message.
À faire pour favoriser l’inclusion :
- Engager des interprètes en langue des signes;
- Aborder le handicap seulement si la personne l’aborde. Si on aborde le handicap, le faire avec respect et avec un langage approprié en positionnant le handicap comme quelque chose que la personne a et non pas qu’elle est;
- S’il y a présence d’une personne qui accompagne, s’adresser directement à la personne vivant avec un handicap et non à la personne qui l’accompagne. Si la personne concernée par le rendez-vous n’est pas en mesure de répondre ou éprouve des difficultés, la personne accompagnante pourra alors apporter son aide, mais continuer de s’adresser à la personne concernée;
- Maintenir le regard au même niveau que celui de la personne lorsqu’on s’adresse à elle:
- P. ex. : s’asseoir sur une chaise devant la personne qui utiliserait une chaise roulante;
- Se pratiquer à parler des personnes en situation de handicap ou de la neurodivergence sans utiliser le handicap ou la neurodivergence comme qualificatif premier;
- Si vous parlez de la personne et que vous devez identifier son handicap, le faire en plaçant la personne d’abord et sans la réduire à son handicap :
- P. ex. : référer à « la personne ayant des difficultés auditives » et non référer à « la sourde »;
- À noter que certaines personnes revendiquent leur handicap comme partie de leur identité et vont se réapproprier des termes, comme « une personne sourde » une « personne aveugle », mais il est préférable en cas de doute de référer à la personne par son nom ou ses titres de politesse.
- Essayer de limiter les stimuli, en particulier dans les salles d’examen, comme les bruits irritants, les odeurs fortes, les mouvements brusques;
- Prévenir lorsqu’on va faire une action qui va susciter un stimulus sensoriel:
- P. ex. : lorsqu’on va allumer ou fermer les lumières, essayer d’avoir un éclairage tamisé ou d’éviter d’avoir une lampe dirigée directement sur le visage de la personne, prévenir lorsqu’on va faire un bruit, etc.;
- Ne pas présumer que la personne qui est devant nous n’est PAS en situation de handicap simplement parce qu’on ne voit pas cette dernière : certaines situations de handicap peuvent être invisibles :
- P. ex. : les difficultés auditives, visuelles et les handicaps intellectuels ne sont pas toujours visibles.
Ressources et organismes avec services pour vous soutenir
AlterHéros (organisme pour les jeunes 2SLGBTQIA+ adressant la neurodivergence
- Telephone : 438 830-HERO (4376)
- @ : info@alterheros.com
- Site internet: www.alterheros.com
Société québécoise de la déficience intellectuelle
- Téléphone : 514 725-7245
- @ : info@sqdi.ca
- Site internet : www.sqdi.ca
Association des personnes de petite taille
- Téléphone:. 514 521-9671
- @ : info@aqppt.org
- Site internet : www.aqppt.org/
Réseau de la santé sexuelle des sourds du Québec
- Téléphone: 438 476-7260
- @ : intervention@rsssq.org
- Site internet : https://rsssq.org/
Pour aller plus loin
Guide
Cloutier, J., Lamoureux, G., Lefebvre, L., Mailhot-Tanguay, C., Gagnon-Roy, M., Plourde, A., & Gagnon, C. (2019). Guide de pratique en ergothérapie: Favoriser la sexualité et la vie amoureuse des adultes présentant une maladie neuromusculaire. [En ligne] Récupéré de :www.savoirs.usherbrooke.ca/bitstream/handle/11143/13738/ERGO_MNM_Sexualite_Final_fr.pdf?sequence=6&isAllowed=y
Institut universitaire en santé mentale de Montréal. (2013). Lignes directrices en matière de sexualité pour les personnes présentant une déficience intellectuelle (DI) ou une DI et un trouble du spectre de l’autisme (TSA). [En ligne] Récupéré de : www.www.sqdi.ca/wp-content/uploads/2021/01/Lignes-directrices-v-longue-FR.pdf
Le comité des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH) (2009). La boîte à outils pour défendre et promouvoir l’accessibilité. [En ligne] Récupéré de :www.capvish.org/wp-content/uploads/2016/08/pdf_integral.pdf: www.capvish.org/wp-content/uploads/2018/01/PDF-Analyse-de-laccessibilit%C3%A9-La-boite-%C3%A0-outils-002.pdf
Altergo (2017) Le guide ressources et références en matière d’accessibilité universelle. [En ligne] Récupéré de : https://www.altergo.ca/wp-content/uploads/2021/02/guide_references _au_-_printemps_2017-7.pdf
Balado
Gwendoline Lüthi et Laurence Raynault-Rioux. (2022). Au coin du brasier. Disponible sur les plateformes Spotify, Apple Podcast et YouTube
Webinaire
Association canadienne de santé publique. (2020). Disons les choses telles qu’elles sont : La santé et le bien-être sexuels pour les apprenants ayant des troubles du développement/Tell it like it is: Sexual health and wellness for learners with developmental disabilities. Webinar disponible gratuitement en ligne sur YouTube (en anglais seulement) : www.www.youtube.com/watch?v=bjzpA9jtnTM&list=PLhwO2PjX7LDceMAoSZeBkgSx7SF3QKF9y&index=20
Personnes racisées et migrantes
Les personnes racisées et migrantes rassemblent toutes les personnes qui ne s’identifient pas comme canadiennes de souche ou qui ne sont pas identifiées comme canadiennes de souche par autrui. Ces personnes peuvent être migrantes ou non, et peuvent être racisées ou non, c’est-à-dire qu’on leur attribue une appartenance raciale autre que blanche. La diversité ethnoculturelle est vaste au Canada et les particularités culturelles en lien avec la sexualité varient d’un groupe à l’autre. Nous recommandons fortement de consulter des associations et organismes communautaires ciblant des groupes culturels plus précisément pour vous informer des particularités.
Les expériences de racisme vécues ou anticipées sont parmi les plus grands obstacles à l’accès au dépistage, au traitement, au soutien et aux connaissances en matière d’ITSS. Les personnes racisées et migrantes ont plus difficilement accès au dépistage des ITSS à travers la discrimination sociale et culturelle, les barrières linguistiques et les préjugés de la part des prestataires de soins, mais aussi l’ethnocentrisme de nos croyances et de nos standards en termes de dépistage. Certaines croyances non occidentales au sujet de la médecine peuvent parfois être en discordance ou en opposition avec nos croyances médicales, ce qui pourrait amener certaines personnes à éviter ou à retarder un dépistage. Dans le milieu médical, la sous-représentation des personnes racisées peut créer une méfiance de la part des usager
Les expériences de racisme vécues ou anticipées sont parmi les plus grands obstacles à l’accès au dépistage, au traitement, au soutien et aux connaissances en matière d’ITSS. Les personnes racisées et migrantes ont plus difficilement accès au dépistage des ITSS à travers la discrimination sociale et culturelle, les barrières linguistiques et les préjugés de la part des prestataires de soins, mais aussi l’ethnocentrisme de nos croyances et de nos standards en termes de dépistage. Certaines croyances non occidentales au sujet de la médecine peuvent parfois être en discordance ou en opposition avec nos croyances médicales, ce qui pourrait amener certaines personnes à éviter ou à retarder un dépistage. Dans le milieu médical, la sous-représentation des personnes racisées peut créer une méfiance de la part des usager·ère·s qui anticipent de ne pas sentir compris.e.s, mais aussi des angles morts de la part du personnel et un manque de compétences culturelles dû au manque d’expériences vécues dans la diversité ethnoculturelle.
Glossaire
Personnes migrantes
Une personne migrante est originaire d’un autre pays que celui dans lequel elle réside. Au Québec, les personnes migrantes ont différents statuts légaux (résident·e·s permanent·e·s, réfugié·e·s, sans statut, avec visa de permis de travail, d’étude ou de visite, etc.) qui peuvent affecter leur accès au dépistage. Par exemple, les personnes qui ont un visa de séjour temporaire, qui demandent l’asile ou qui sont réfugiées n’ont pas accès à la RAMQ.
Personnes racisées
Une personne racisée est une personne appartenant à un groupe ayant subi un processus de racisation. Ce terme met en évidence le caractère socialement construit des processus de différenciation des groupes en fonction de la race. Ainsi, une personne ne s’identifie pas nécessairement comme racisée, mais elle est racisée par autrui (Primon, 2007) Le processus de racisation dépend du contexte, mais généralement les personnes racisées sont celles qui ne sont pas blanches. Les personnes racisées ne sont pas nécessairement migrantes. Par exemple, une personne peut être née au Canada, mais racisée comme Haïtienne avant d’être reconnue comme canadienne.
Peuples autochtones
Le terme « autochtones » réfère aux personnes faisant partie des premiers peuples d’Amérique du Nord et leurs descendants. Au Canada, cela inclut les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Les termes « Indien d’Amérique » ou « Amérindien» sont à proscrire, puisqu’ils proviennent de l’époque coloniale et sont dérivés de la recherche initiale de l’Inde qui a redirigé les colons vers l’Amérique (Mikana, 2021).
Les peuples autochtones subissent encore au Canada une répression et une marginalisation accrues. Les taux d’infection aux ITSS au sein des communautés autochtones sont nettement supérieurs à ceux de la population allochtone et l’accès aux soins de dépistage peut parfois être plus difficile en raison du manque de ressources sur les lieux ou près des réserves et le manque de personnel autochtone formé en médecine et en soins infirmiers. Plusieurs personnes autochtones ne font pas confiance au système de santé par anticipation ou vécu de stigmatisation. Ceux-ci ont un accès généralement limité à l’éducation, aux services de prévention et aux traitements en matière d’ITSS. L’adéquation entre pratiques culturelles et pratiques médicales occidentales est un enjeu important en raison des différences culturelles, mais aussi de l’occupation coloniale toujours présente. Chaque communauté des Premières Nations, des Métis et des Inuits a ses propres croyances et traditions, et il est donc pertinent d’engager une communication avec chaque communauté qui fait partie de votre région.
Adopter une approche interculturelle
Les croyances et le vocabulaire pour parler de sexualité et d’ITSS peuvent varier d’une culture à l’autre. Avoir des compétences interculturelles permet de trouver un terrain d’entente dans la différence, que ce soit par les cultures ou les différences de croyances face à la sexualité en général. Cela signifie mettre en œuvre des compétences pour favoriser les interactions entre personnes de cultures différentes (CRIC, 2019). Ce processus comprend de :
- Réfléchir aux éléments culturels qui nous sont propres et qui ont une influence sur notre compréhension, nos croyances et nos attitudes face aux ITSS, aux pratiques sexuelles et aux tests de dépistage;
- Être ouvert·e· à recevoir les compréhensions culturellement différentes face aux ITSS, aux pratiques sexuelles et aux tests de dépistage;
- Tenter de s’y adapter, d’évoluer et d’atteindre les objectifs de prévention de la transmission des ITSS satisfaisante ensemble.
Les pratiques sexuelles n’ont pas la même signification dans toutes les cultures. Il est pertinent de nommer les choses explicitement et directement en ne prenant pas des raccourcis culturels.
Il se peut que vous n’utilisiez pas les mêmes mots que la personne pour parler de son identité ou de son expérience sexuelle et c’est normal. L’important est de trouver un terrain d’entente.
- P. ex. : dans certaines cultures, avoir des relations sexuelles avec des personnes du même genre n’amène pas nécessairement à s’identifier comme gai·e. Au lieu de demander à la personne si elle s’identifie comme gaie, demandez-lui si elle a des relations sexuelles avec des personnes du même genre qu’elle.
Une façon de démontrer une ouverture et de travailler à atteindre un objectif commun est de prendre en considération les mots qu’elle utilise et de vérifier avec elle le sens de ses propos pour que vous ayez une compréhension commune du message sans recadrer :
- Demander « pouvez-vous me dire ce que vous entendez par […] ? » au lieu de « vous voulez plutôt dire […] ? C’est ça […] la façon appropriée de le dire ».
Chaque personne a une relation unique avec sa culture, ses traditions et ses croyances, d’où l‘importance de garder une ouverture d’esprit face aux éléments culturels qui peuvent jouer sur la consultation et le dépistage, sans pour autant créer de nouveaux présupposés ethniques aux individus.
Spécificités pour l’inclusion
Plusieurs préjugés raciaux impactent la prestation de services de santé sexuelle, dont le dépistage des ITSS, en raison de données recueillies sur les risques d’expositions aux ITSS. Ainsi, il est important de prendre conscience de certains préjugés véhiculés et éviter de :
- Présumer le risque accru d’exposition au VIH des personnes noires en supposant que toutes les personnes noires sont originaires de pays endémiques du VIH;
- Présumer qu’une personne provenant de pays endémique du VIH a des pratiques sexuelles nécessairement à risque;
- Présumer qu’une personne autochtone n’applique pas des pratiques de santé sexuelle en raison de sa culture ou que ses pratiques sont moins valides que celles prescrites par le système de santé occidental;
- Présumer que nos croyances en matière de dépistage sont universelles et constituent la seule vérité, et refuser de reconnaître que nos connaissances et croyances en matière d’ITSS et de dépistage sont ethnocentristes de la culture occidentale blanche;
- Ridiculiser les croyances alternatives face à la prévention, le dépistage et le traitement des ITSS, même si elles ne représentent pas des stratégies efficaces de prévention selon les standards occidentaux. Essayez plutôt de trouver un terrain d’entente avec la personne.
À faire pour favoriser l’inclusion
La diversité ethnoculturelle et ses liens avec la sexualité pourrait mériter son propre guide pour aborder les nuances, les différences et les particularités propres aux différents groupes ethnoculturels. Il est pertinent de s’informer sur les différentes croyances et compréhensions de la sexualité selon différentes cultures que la sienne en sollicitant l’aide d’organismes communautaires:
- Un point de départ serait de cerner si votre clinique se situe dans un quartier proche de communautés et contacter les organismes communautaires pour établir un partenariat et une formation sur les compétences culturelles.
- Ce contact peut aussi vous permettre d’accès à un interprète ou potentiellement offrir des services de dépistage aux milieux culturels accessibles pour les personnes autochtones :
- Communiquer les informations en matière d’ITSS et de dépistage aux communautés ethnoculturelles dans divers formats qui cadrent avec leurs valeurs, leurs croyances et leurs pratiques culturelles;
- P. ex. : collaborer avec des organismes ou des membres de la communauté ethnoculturelle pour planifier et animer des groupes de discussions et des cercles de partage.
Il se peut que la personne ne soit pas couverte par la RAMQ en raison de son statut migratoire. Si la personne n’est pas couverte, offrez-lui les informations sur les tarifs et laissez la faire le choix d’accepter ces prix ou d’aller vers d’autres ressources. S’assurer de connaître les ressources où rediriger les personnes efficacement :
- Médecins du Monde offre une clinique mobile de dépistage et le Portail VIH/sida du Québec a créé une carte interactive de sites de dépistage pertinents à utiliser pour proposer des ressources alternatives.
Pour les personnes autochtones, il est important de reconnaître l’impact des traumas intergénérationnels sur la santé sexuelle des personnes autochtones et des impacts de la colonisation et du racisme sur leur accès aux services de dépistage :
- Aussi, prendre en considération que la personne s’est peut-être déplacée sur une grande distance pour avoir accès à des services de dépistage.
Les identités en lien avec la sexualité peuvent prendre différents sens en fonction des cultures. Il est donc préférable de poser des questions sur les comportements et pratiques sexuelles plutôt que sur l’orientation sexuelle ou le genre des partenaires. La personne ne se reconnaît peut-être pas dans nos conceptions des communautés 2SLGBTQIA+:
- La non-hétérosexualité et la non-cisgenralité peuvent être taboue dans plusieurs cultures, y compris la nôtre. Il est important de ne pas imposer une identité occidentale aux personnes, de les laisser s’auto-définir, mais aussi de garder en tête que d’aborder ces questions peut être un enjeu pour la personne et n’est pas facile à faire.
Ressources et organismes avec services pour vous soutenir
GapVies :
- Téléphone: 514 722-5655
- @ : gapvies@gapvies.ca
- Site internet : www.gapvies.ca
Médecins du Monde :
- Téléphone: 1 514 281-8998
- @ : info@medecinsdumonde.ca
- Site internet : www.medecinsdumonde.ca/
Santé sexuelle des Autochtones administré par la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada
- Site internet : www.www.aboriginalsexualhealth.ca
Clinique Mauve (Offre des soins médicaux, psychosociaux, de santé sexuelle et de santé mentale intégrés aux personnes LGBTQI+ migrantes et racisées vivant à Montréal)
- @ : clinique.mauve.ccomtl@ssss.gouv.qc.ca
- Site internet : https://sherpa-recherche.com/sherpa/projets-partenaires/clinique-mauve/
Pour aller plus loin
Barlow, K., Loppie, C., Jackson, R., Akan, M., MacLean, L., Reimer, G. 2008. Culturally competent service provision issues experienced by aboriginal people living with HIV/AIDS. Pimatisiwin: A Journal of Aboriginal and Indigenous Community Health, 6(2): 155-180
James L., Conseil africain et caribéens sur le VIH/SIDA en Ontario et le centre de santé communautaire Women’s Health in Women’s Hands (2006). Guide et manuel de prévention du vih : outil pour les fournisseurs de services servant les communautés africaines et africaines caribéennes vivant au Canada.
Hunt, S. (2016). Une introduction à la santé des personnes spirituelles : questions historiques, contemporaines et émergentes. [En ligne] Récupéré de : https://www.ccnsa-nccah.ca/docs/emerging/ RPT-HealthTwoSpirit-Hunt-FR.pdf
Mikana (2021). Guide des terminologies en contexte Autochtone. [En ligne] Récupéré de : https://www.mikana.ca/wp-content/uploads/2022/05/Terminology.pdf
Wilson, D., de la Ronde, S., Brascoupé, S., Apale, A. N., Barney, L., Guthrie, B., … & Society of Rural Physicians of Canada. (2013). Health professionals working with First Nations, Inuit, and Métis consensus guidelines. Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, 35(6), S1-S4.
Gouvernement du Canada (2021). Programme fédéral de santé intérimaire : Couverture offerte: https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/refugies/aide-partir-canada/soins-sante/programme-federal-sante-interimaire/resume-couverture-offerte.html
Guide
Agence de la santé publique du Canada (2015). Questions et réponses : Pratiques d’inclusion dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les minorités ethnoculturelles: https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies- infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/rapports-publications/questions-reponses-minorites/questions-reponses-pratiques-inclusion-prevention-infections-transmissibles-sexuellement-sang-chez-minorites-ethnoculturelles.html
Association canadienne des professeures et professeurs d’université (2021). Guide de reconnaissance des Premières Nations et des territoires traditionnels. [En ligne] Récupéré de : https://www.caut.ca/fr/content/guide-de-reconnaissance-des-premieres-nations-et-des-territoires-traditionnels
Phaneuf, M. (2016). Dossier : Pour des soins interculturels 1re partie : parcours des immigrants et différences culturelles. [En ligne] Récupéré de :http://www.prendresoin.org/wp-content/uploads/2016/ 09/Dossier-Pour-des-soins-interculturels-1re partie-parcours-des-immigrants-et-différences-culturelles.pdf
Personnes qui exercent le travail du sexe
Les travailleur·euse·s du sexe sont toute personne dont le travail consiste à l’échange consensuel de services sexuels contre une rémunération (de l’argent, des biens, un logement). Le travail du sexe rassemble l’ensemble des travailleur·euse·s de l’industrie du sexe (masseur·euse·s, téléphonistes érotiques, danseur·euse·s, etc). Pour ce guide, nous nous concentrons sur les travailleur·euse·s qui ont des contacts sexuels directs avec des client·e·s., comme c’est le cas pour les escortes, les travailleur·euse·s dans la rue et les masseur·euse·s. Le travail peut se réaliser dans différents lieux, comme le travail d’escorte, en domicile privé, en maisons closes, dans les clubs de danse érotique, en salons de massage, par la sollicitation de clients dans les endroits publics ou encore sur des plateformes en ligne et à travers des productions pornographiques.
Il est important de noter qu’au Canada, lorsqu’il est question de travail du sexe avec contact direct, et donc avec la possibilité de relations sexuelles avec pénétration, c’est le terme prostitution qui est utilisé au niveau légal. Selon la loi canadienne sur la prostitution, la personne qui exerce le travail du sexe peut demander de l’argent en échange de services sexuels, mais une personne cliente n’a pas le droit de payer.
Contrairement aux États-Unis, la présence de contraceptifs dans les effets personnels d’un·e travailleur·euse du sexe ne peut être utilisée comme preuve contre cette personne. Toutefois, notre modèle de loi en est un de criminalisation partielle. Le client est criminalisé et certaines contraintes du Code criminel criminalisent aussi les activités et les conditions de travail des travailleur·euse·s. Par exemple, il est interdit de tenir une maison de débauche, ce qui signifie que deux personnes qui travaillent ensemble se retrouvent dans une position d’illégalité. Prêter son appartement à un·e ami·e travailleur·euse du sexe est illégal aussi. Cela influence la sécurité des travailleur·euse·s et contribue à maintenir le tabou autour de ces professions.
En raison du caractère interdit et secret de leur profession, les personnes qui exercent le travail du sexe évitent les cliniques de dépistage par anticipation de stigmatisation et de discrimination de la part du personnel de la clinique. Ce qui les rend à risque d’avoir une ITSS non diagnostiquée et d’encourir des complications pour leur santé.
Les personnes qui exercent le travail du sexe ont tendance à éviter le système de santé et les services de dépistage pour se préserver de la stigmatisation. De ce fait, il se peut que vous ayez l’impression que vous rencontrez peu de travailleur·euse·s du sexe. D’où l’importance de la mise en place de certaines pratiques pour assurer un espace sécuritaire et favoriser un accès aux soins, jusqu’ici difficile.
Nous vous recommandons fortement d’établir un partenariat avec un organisme qui travaille avec les personnes qui exercent le travail du sexe, alors que son personnel d’intervention sera équipé pour faire la promotion du dépistage, mais aussi pour vous outiller afin d’adopter de bonnes pratiques sensibles à leurs réalités.
Glossaire
Prostitution ou travail du sexe?
La prostitution est le terme repris par la loi canadienne pour parler des échanges entre des services sexuels et des biens ou de l’argent. Bien que certaines personnes revendiquent la réappropriation des termes prostitution et prostitué·e·s, ils peuvent être considérés stigmatisants, puisqu’ils sont encore associés à la déviance, à la corruption et à la criminalité (Stella et le Service aux collectivités de l’UQAM, 2007). Le terme « prostitué·e » réduit également la personne à son travail, soit l’échange d’argent contre des services sexuels. Les termes centrés sur le travail du sexe, quant à eux, sont à prioriser, car ils reconnaissent la valeur du travail des personnes, et n’émettent pas de jugement sur la nature des services rendus (Stella, 2013). « Travailleur·euse du sexe » est un terme neutre; ce n’est pas un terme engagé. Il permet de se dégager du stigma provoqué par « prostitué·e » (Nouvelles Intimes, 2021).
Par ailleurs, dans une visée politique de reconnaissance des droits, parler de travail du sexe permet de « repenser cette activité sous l’angle de contrat, d’amélioration des conditions de travail, et de la capacité des travailleur·euse·s du sexe à négocier les différents aspects de leurs services (actes, tarifs et durée) » (citation adaptée, Stella et le Service aux collectivités de l’UQAM, 2007 p.1).
Spécificités pour l’inclusion
Faire attention de ne pas :
- Émettre des commentaires, des réserves ou des inquiétudes sur le travail du sexe et victimiser la personne en présumant que le travail est exploitant, et que la personne ne peut consentir aux échanges de services sexuels;
- Insister à connaître ou réagir au nombre de partenaires et clients de la personne. La personne peut ne pas être à l’aise par anticipation de jugement. Cibler les pratiques sexuelles et l’utilisation de protections physiques devrait être les premiers déterminants pour évaluer le risque d’ITSS;
- Commenter ou réagir aux pratiques potentiellement à risque de contraction d’ITSS.
À faire pour favoriser l’inclusion :
- Prendre le temps de considérer ses préjugés à l’égard du travail du sexe et des personnes qui l’exercent. Cela permet aussi de différencier la personne qui se trouve devant vous des stéréotypes qui peuvent l’entourer.
- Réfléchir à la manière de demander à la personne si elle est exerce le travail du sexe. Cela peut être personnel à chaque personne, car questionner la pratique du travail du sexe n’est pas stigmatisant en soi et normalise l’activité professionnelle. Pour certaines personnes, cette question, présentée d’emblée, peut être stigmatisante et envoyer le message que la personne ne peut avoir des pratiques sécuritaires dans sa sexualité en raison de sa profession. Si vous questionnez le travail du sexe, l’important est surtout d’être capable d’écouter la réponse et ne pas la concevoir d’avance avec ses a priori. Les travailleur·se·s du sexe forment un groupe hétérogène et ne se ressemblent pas tou·t·e·s.
- Offrir une intervention sans jugement, surtout si la personne dévoile ou se confie sur son travail. Lui signifier que vous êtes là pour l’aider à prévenir la transmission d’ITSS, et non pour la juger.
- Soyez ouverts et prenez le temps d’écouter comment la personne présente son expérience du travail du sexe. Si vous questionnez la personne sur son travail, s’assurer de pouvoir lui garantir la confidentialité et le lui signifier :
- Si la personne le demande, éviter d’indiquer le travail du sexe au dossier médical; les questions concernant les partenaires connus ou non, le nombre et l’usage de protection devraient être suffisants pour informer le dossier des pratiques jugées à risque.
- S’assurer de questionner la personne sur toutes ses activités sexuelles, y compris les pratiques orales et anales, car certaines personnes n’osent pas le préciser et demander ces tests par gêne. On observe d’ailleurs à cet effet une recrudescence des ITSS comme la gonorrhée dans la gorge depuis quelques années.
- Offrir une certaine flexibilité avec la personne pour les méthodes de réception des résultats et des traitements.
- Envisager que la personne n’a peut-être pas une couverture de la RAMQ :
- Assurez-vous de pouvoir lui spécifier les prix des tarifs ou la rediriger vers d’autres services inclusifs ou spécialisés qui seront respectueux de son métier, comme la clinique de l’organisme Stella. Si vous désirez offrir des services de dépistage aux travailleur·euse·s du sexe, s’assurer d’entrer en contact avec un organisme pour obtenir une formation, et établir une collaboration et un suivi;
- Il est primordial d’établir un lien de confiance pour offrir un tel service, d’où la nécessité de travailler en partenariat avec des organismes;
- Il serait nécessaire de prévoir l’offre de services mobiles qui peuvent se déplacer au milieu de travail des travaillleur·euse·s du sexe;
- Comprendre que le travail du sexe est souvent lié à d’autres motifs de marginalisation, comme être une personne racisée, autochtone ou trans.
Ressources et organismes avec services pour vous soutenir
Programme Travail du sexe (REZO)
- Téléphone : 514 521-7778 poste 224
- Site internet : https://www.rezosante.org/nos-services/programme-travail-du-sexe/
Projet intervention prostitution Québec
- Téléphone : 418 641-0168
- @ : pipq@qc.aira.com
- Site internet (avec fiche contact) : www.pipq.org/
Stella
- Téléphone : 514 285-1599
- @ : info@chezstella.org
- Site internet : chezstella.org
Projet Lune
- Téléphone: 418 704-5863
- @ : Direction@projet-lune.org
- Site internet: https://www.projet-lune.org/
PIaMP
- Téléphone:514 284-1267
- @ : piamp@piamp.net
- Site internet:https://piamp.net/
Sphère/Vénus
- Téléphone: 450 669-1680
- @ : venus@spheressg.org
- Site internet: https://www.spheressg.org/index.php/services/sphere-venus
ASST(e)Q
- Téléphone: http://astteq.org/fr/index.html
- @ : info@astteq.org
- Site internet: 514 847-0067 poste 207
Pour aller plus loin
Santini et al., (2020). Travail du sexe et discours sur la réduction des méfaits: document de réflexion. [En ligne] Récupéré de : https://chezstella.org/wp-content/uploads/2020/09/Travail-du-sexe-et-discours -sur-la-re%CC%81duction-des-me%CC%81faits-.pdf
Stella. (2013). Une affaire de langage : parler du travail du sexe. [En ligne] Récupéré de : https://chezstella.org/ wp-content/uploads/2020/03/StellaFeuilletInformationLangage2013.pdf
Stella et le Service aux collectivités de l’UQAM (2007). Travail du sexe : 14 réponses à vos questions. [En ligne] Récupéré de : https://chezstella.org/en/stellibrary-publications/14-answers-to-your-questions/
Nouvelles Intimes (2021), Petit lexique pour les personnes qui veulent mieux comprendre le travail du sexe. [En ligne] Récupéré de : https://nouvellesintimes.substack.com/p/legal-illegal-comme-une-chanson-de?s=w
Gouvernement du Canada (2017), Document technique: Projet de loi C-36, Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation. [En ligne] Récupéré de : https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/autre-other/protect/p1.html
Remerciements
Nous aimerions remercier les organismes et les informateur·rice·s clé·e·s ayant contribué à la révision et à la création de ce guide. Merci de nous avoir aiguillé sur les nuances et la sensibilité nécessaire des pratiques proposées :
- L’organisme GapVies
- Edith Bernier de Grossophobie.ca
- L’organisme Émissaire
- L’organisme Le Dispensaire
- L’organisme Alterhéros
- L’organisme Projet intervention prostitution du Québec – le projet Catwoman
- Gwendoline Luthi
- L’organisme Le Portail VIH/sida du Québec
- Mélodie Nelson
- Jonathan Bacon de la Clinique l’Actuel
Références
(en sus de la documentation présentée dans les sections des spécificités)
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